Il faut sauver notre eau!

Date de publication : 23 mars 2018 09:38:29

La presse nationale et internationale a répercuté les résultats d’une étude réalisée par l’université de l’état de New York qui conclut à la présence de plastique dans 93 % des échantillons d’eau en bouteille de grandes marques. Il s’agissait notamment de polypropylène, de nylon et de polytéréphtalate d’éthylène (PET). En moyenne, les chercheurs ont trouvé 10, 4 particules d’une taille environnant 0,10 millimètre dans un litre d’eau.

"Je pense que cela vient du processus d'embouteillage. Je pense que la plupart du plastique vient de la bouteille elle-même, de son bouchon, du processus industriel d'embouteillage", a expliqué Sherri Mason (responsable de l’étude) à l'AFP. "De l'eau dans des bouteilles en verre contenait aussi des microplastiques", signale par ailleurs l'étude. Une précédente étude publiée par Orb Media avait montré que des particules de plastique étaient également présentes, en moins grande quantité, dans l'eau du robinet.

Les experts belges donnent leur avis.

L’étude montrait la présence de deux types de particules de plastique dans les bouteilles d’eau minérale. Pour le toxicologue Alfred Bernard (Université Catholique de Louvain), celles 100 microns ne sont pas inquiétantes: «Elles sont trop grandes pour être absorbées par la barrière intestinale. Par contre, les nanoparticules, entre 100 et 1 000 fois plus petites, sont plus nombreuses et plus préoccupantes: car elles, elles passent la barrière intestinale

Alfred Bernard affirme que les nanoparticules sont plus nombreuses dans l’eau de distribution. « L’eau minérale est une eau souterraine, moins sensible à ces particules, tandis que l’eau du robinet est captée en surface. De plus, les boues des stations d’épuration, contaminées par ces microplastiques, sont épandues sur les terres agricoles… On parle de dizaines de millions de tonnes de microplastiques à l’échelle européenne. Il faut réfléchir à ces pratiques qui contaminent les sols avec des substances non biodégradables

Son collègue, Jean-Marie Collet, professeur de biologie et toxicologie en médecine (Université de Mons) prône, quant à lui, une alternance eau du robinet / eau en bouteille, car le danger est multiple. «J’ai participé à un congrès à Paris sur les traces, les substances présentes dans les eaux en quantités faibles. La conclusion générale du congrès, c’est qu’on ne trouve plus de l’eau pure, quelle qu’elle soit. Heureusement, l’organisme est bien fait: on a des outils pour lutter. Ça dépend des doses et des fréquences d’expositions. »

Concernant les maladies que l’on met en lien avec les nanoparticules (certains cancers, diminution de la fertilité masculine, augmentation des troubles de l’attention ou de l’autisme), Jean-Marie Collet confirme: «C’est avéré, chez l’animal, et chez l’humain. Mais ce qu’on ne connaît pas encore, c’est leur mécanisme d’action: on ne comprend pas pourquoi certaines substances qui ne sont pas toxiques deviennent dangereuses quand elles s’agglomèrent sous forme de nanoparticules.».

Abandonner l’eau en bouteille plastique ?

Jacqueline Savitz, responsable Amérique du Nord pour l'ONG Oceana qui lutte contre la pollution des océans, a estimé que cette étude apportait une raison de plus de limiter la production de bouteilles d'eau en plastique. "Il est plus urgent que jamais, aujourd'hui, de faire en sorte que les bouteilles d'eau en plastique soient une chose du passé", a déclaré cette représentante de l'ONG.

Sauver notre eau de source de Génisseau !

Depuis des temps immémoriaux, la source de Génisseau débite une eau de qualité supérieure : peu minéralisée (équivalente à Evian), d’une pureté bactériologique incomparable, sans aucune trace de nitrate, elle bénéficie d’un environnement remarquable (aucune culture, aucun élevage, aucune présence humaine dans un large rayon autour du captage). Elle est prélevée à sa résurgence et provient d’une nappe située à grande profondeur. Elle ne subit aucun traitement (ni chimique, ni bactériologique).

Lors du dernier conseil municipal de Barret de Lioure (14 mars 2018), les conseillers ont fait le point sur le transfert compétence « Eau ». On retiendra que la pression exercée par les élus et certains parlementaires a poussé le gouvernement à lancer un groupe de travail sur cette question. Les réflexions de ce groupe de travail ont abouti à une proposition de loi déposée en décembre 2017 à l'Assemblée Nationale. Ce texte permettrait aux communes de s'opposer au transfert des compétences eau et assainissement avant le 1er juillet 2019 si au moins 25% d'entre elles représentant au moins 20% de la population (au sein d'une communauté de communes) s'expriment dans ce sens. Dans ce cas le transfert obligatoire serait reporté à 2026.

L’opposition à ce transfert de compétence est bien compréhensible si l’on compare le prix de l’eau payé auprès du Syndicat des Eaux dont fait partie notre commune (SIAEP) à celui payé par d’autres communes de la Communauté de Communes. D’autre part, une récente enquête de journalistes de France 2 (Cash Investigation - Scandale dans nos tuyaux) a relevé de scandaleux manquements des deux plus grands opérateurs français dans leur gestion de l’eau qui devra faire réfléchir avant de leur confier cette compétence.

Souhaitons que les élus de notre Communauté de Communes soient suffisamment lucides pour s’opposer à ce transfert.

Gilbert Picron.