La fête votive de Barret de Lioure

Date de publication : 27 avr. 2020 09:43:58

L’origine de la fête du mois d’août remonte à une décision du Conseil Municipal du 11 février 1894 qui propose « l’organisation d’une nouvelle foire le lundi après le 8 août ». Au cours de la même séance le C.M. vote « un budget de 125 francs pour primes à distribuer à l’occasion d’une foire à créer à Barret, primes qui seraient distribuées aux marchands qui amèneraient les plus beaux et les plus nombreux troupeaux de bœufs, moutons, porcs etc… vu que la création des primes est un excellent moyen pour provoquer la prospérité de cette éventuelle foire ».

En juin 1895, la foire d’août est autorisée et le C.M. vote un budget de 140 francs.

Malgré des tribulations liées à des conflits de personnes, les deux foires (celle de novembre célèbre dans tout le canton depuis 1841) et celle d’août se poursuivirent jusqu’après la seconde guerre mondiale (interrompues par les hostilités).

Il semble bien que la fête votive ne fut pas remise sur pied après la guerre 1940-1945 car en 1950, à la demande quasi générale des habitants, le C.M. vote un crédit de 10.000 francs, « vu que tous les pays, petits et grands, célèbrent depuis la fin de la guerre leurs fêtes votives, il n’y a pas lieu de ne pas en faire autant ».

Il y a tout lieu de croire que cette célébration fut une nouvelle fois interrompue durant les années soixante en raison de la dépopulation croissante, des soucis causés par l’effondrement et la reconstruction de l’église.

Une récente découverte

Il y a quelques semaines, une directive officielle a décrété l’élimination d’archives administratives. Un archiviste délégué par la Préfecture a effectué un tri et déclassé certains documents destinés à être détruits. Parmi ces documents, un cahier « écolier » ayant appartenu manifestement à André Reynaud a retenu notre attention : il reprend les éléments en relation avec la fête votive dont la mairie souhaitait la reprise à partir de 1976.

Pour situer le contexte, il semble important de rappeler quelques caractéristiques du Barret de cette époque :

1. Au recensement de 1975, il n’y a plus que 35 habitants.

2. Les élections municipales du 13 mars 1977 ont désigné les 9 conseillers suivants (par ordre alphabétique, sur la liste d’Union communale) : Borel Léonce, Borel Renée, Cossanteli Michel, Espieu Pierre, Lambert Henri, Pascal Pierre, Reynaud André, Schoumann Anna et Vincent Suzanne.

Michel Cossanteli sera maire et André Reynaud, adjoint.

3. Des documents « récupérés » il apparaît que c’est André Reynaud qui prend l’initiative du renouveau de la fête votive. Le courrier est curieusement adressé à « Reynaud André, Comité des fêtes municipal, conseiller municipal, Ferme Valaury, 04150 BANON ». (courrier SACEM). Cette adresse montre bien qu’à cette époque, le service postal de Barret est assuré par la poste de Banon pour Valaury, éloigné du bourg, et même pas par Revest-du-Bion pourtant plus proche.

4. A l’intérieur de l’enceinte, il n’y a que trois habitations occupées (Roux, Marchina et Balke) uniquement à titre de résidence secondaire !.

Du cahier d’André Reynaud, nous extrayons quelques éléments qui peuvent donner une idée des conditions dans lesquelles ces fêtes sont organisées. Remarquons que les dates n’ont plus rien à voir avec la fête votive initiale (St Laurent).

Fête du 10 juillet 1977 : Un bal le samedi soir à charge de l’auberge du Ventoux (Boyer) et un autre bal le dimanche à charge de la Mairie, animés par l’harmonie de St Christol. Concours de boules doté de 500 frs de prix + la moitié des mises (20 f par équipe de 2 joueurs avec 3 boules).

Fête du 9 juillet 1978 : bal animé par l’orchestre Hexagone d’ Arles qui a coûté 2000 frs plus 600 frs de repas et 200 frs de déplacement pour 8 musiciens. La Sacem a réclamé 99 ,72 frs..

Fête du 8 juillet 1979 : c’est un orchestre de Pierrelatte (The Gentleman Orchestra) qui s’est produit pour un coût de 200O frs, plus 200 frs de frais de déplacement + repas et boissons.

Le concours de boules a connu un grand succès : 72 boulistes qui ont payé chacun 10 frs de participation. La Sacem a réclamé 147, 51 francs et à l’issue de cette fête l’encaisse est de 460 francs.

Il semble que les années suivantes, cette organisation ne fut plus mise sur pied et ce n’est qu’en 1984 qu’un groupe de jeunes des familles Pommier, Cauquil, De Jaeghere… relancèrent la fête aidés par les parents. Des projections cinématographiques eurent lieu … sur un écran placé sur le rocher, les spectateurs étant installés dans le Pré de la Cour. Il faut bien penser qu’à l’époque, la circulation sur la départementale était réduite. L'année suivante eut lieu, à l’occasion de la fête, l'inauguration du remplacement des trois croix. Ce fut l’occasion d’une montée au calvaire avec l'envol d'une multitude de ballons.

En 1989, le bicentenaire de la Révolution fut célébré avec un certain faste. Un cortège en costumes d’époque parcourut et anima les rues du village.

Par la suite, toujours sous l’impulsion d’André Reynaud, un repas campagnard fut organisé chaque année, chacun préparant des victuailles. La journée était animée par un concours de boules qui réunissait de nombreux participants. Des bancs et tables sur tréteaux furent achetés par la mairie pour le confort des convives.

A partir de 2001, la municipalité (maire André Reynaud) profitant de l’inauguration des gîtes, réunit les habitants en un repas annuel auquel habitants, « anciens de Barret » et « nouveaux résidents » se retrouvaient avec plaisir. Devant le succès de ces retrouvailles et toujours sous l’impulsion d’André Reynaud, un « Comité des fêtes » présidé par Allain Daumas et animé par le regretté Bernard Morisseau se constitua et organisa une « fête de St Laurent » à partir de 2003. D’années en années, le succès fut au rendez-vous et, avec l’appui de la mairie de Barret et le concours matériel de Montbrun, la St Laurent devint une tradition incontournable avec ses expositions dans l’église et à la mairie et diverses animations telles que concerts, brocantes, spectacles divers, le tout inauguré chaque année par une « marquisette » très attendue. Chaque année, un thème particulier fut abordé afin de rappeler un pan de l’histoire de la commune grâce à une exposition et une publication.

L’année 2003 correspondait avec le 40ème anniversaire de la reconstruction de l’église, ce qui donna lieu à une célébration religieuse renouvelée depuis lors.

De 2003 à 2015, le rendez-vous eut lieu dans l’allée qui conduit à l’Auberge du Ventoux, grâce à la bienveillance de Martine Boyer, d’abord à l’air libre, puis sous chapiteau.

A partir de 2016, le chapiteau fut installé sur le terre-plein de l’amphithéâtre.

2020 devrait célébrer le 125ème anniversaire de la création de la fête votive barretière, mais… sera-t-elle organisée dans les conditions difficiles que nous connaissons ?

That is the question !

Gilbert Picron