Vaccine !
Extrait de « Essai sur la statistique, l'histoire et les antiquités du département de la Drôme », 1817 (pp.182-183)
« La vaccine a sensiblement atténué les effets, naguères si désastreux, de la petite vérole, et cependant, qui le croirait ? Elle trouve encore quelques détracteurs, des incrédules ou des hommes qui feignent de l'être, et des préjugés qui s'opposent à ses progrès.
La religion et l'humanité font un devoir aux hommes éclairés, aux magistrats et aux ecclésiastiques de concourir de la manière la plus persévérante et la plus active à détruire ces préjugés, et, disons-le, à démasquer l'hypocrite incrédulité de l'intérêt particulier.
Ce n'est pas en effet, comme l'a si bien remarqué un habile médecin, M. Le docteur Antelme, de Romans, dans un rapport publié en 1808, lorsque plus d'un tiers de la population naissante, dans toute l'étendue du royaume, jouit annuellement du bienfait de la nouvelle inoculation ; ce n'est pas lorsque cette immense population soumise aux influences varioliques a résisté, soit à l'inoculation de la petite vérole, soit à la cohabitation avec des varioleux, soit enfin à l'effet des miasmes répandus dans l'atmosphère au retour des épidémies varioliques ; ce n'est pas lorsque des faits observés par d'excellents médecins donnent un commencement de preuve que l'effet préservatif de la vaccine ne se borne pas aux individus qui ont été soumis à la nouvelle inoculation, mais qu'il se transmet à leurs enfants ; ce n'est pas lorsqu'il est constaté que, dans tous les lieux où la vaccine a été propagée avec activité, la petite vérole est devenue rare, la mortalité moindre et la population plus nombreuse ; ce n'est pas, dis-je, dans des circonstances aussi favorables à la destruction d'un des plus terribles fléaux du genre humain, qu'il faut se laisser ébranler par un seul fait douteux, et céder à des bruits publics répandus le plus souvent par la malveillance ; il faut, au contraire, redoubler de zèle et d'efforts pour vaincre les obstacles par lesquels on chercherait à faire rétrograder une pratique aussi salutaire ».
Ecrit il y a 200 ans !