A Bigonnet

La mémoire collective des natifs de Barret de Lioure désigne sous ce vocable un hameau bien précis qui, en réalité, se compose de deux lieux-dits « les Geasses » et le « Pied du Clos ».

Caractéristiques

Ce hameau est sans nul doute le plus agréable de la commune : situé à l’extrême nord-ouest du territoire, à une altitude comprise entre 1000 et 1200 m, à l’adret de la montagne du Buc, il est éclairé dès l’aube par le soleil levant et jusqu’à très tard dans l’après-midi, hiver comme été, au crépuscule.

Protégé du mistral par la montagne du Buc et du vent d’Est par la butte des Tallayes, le hameau est bien pourvu en eau grâce à quelques sources.

Le territoire est traversé par le chemin de Barret à Mévouillon ( d’Est en Ouest) sur lequel se ramifient de nombreux chemins muletiers qui desservent de grandes parcelles de terrain (contrairement au reste de la commune), certains dépassant les deux hectares.

La superficie totale du hameau atteint les 100 hectares avec une proportion de plus de 50 % de « terres labourables », 20 % de « bois taillis » et 20 % de « bois futaies », le reste étant quelques prés  et pâtures.

Immédiatement au sud du hameau, se situait le « vignoble » de Barret (environ 20 hectares) où chaque famille possèdait une vigne autrefois.

Qui est propriétaire au début du 19 ème siècle?

L’examen attentif du premier cadastre (1813) et des registres paroissiaux de la commune, indiquent qu’une seule famille règne sur le hameau depuis plus de 200 ans : les « Bigonnet » qui y possèdent deux imposantes bastides. Une  seule autre bastide est propriété des  juges et notaires Beauchamp, mais ils résident au bourg.

Des « Bigonnet » importants

Si le patronyme « Bigonnet » est quasi omniprésent dans l’occupation du hameau, on soulignera la présence de Pierre Olivier ((1746-1815), qui fut leader des révolutionnaires du « Pays de Sault » lors de la Révolution de 1789.

Sous le sobriquet de « Provence », il s’illustra dans les évènements qui secouèrent la région.

Ce surnom a sans doute deux explications : le territoire dont il est propriétaire est situé à l’extrême nord-ouest du « Comté de Sault », à la limite avec le Dauphiné (Montbrun).

Il faut se rappeler que les habitants du « Comté de Sault » bénéficient de privilèges depuis  le 22 avril 1567 et un décret de Charles IX qui leur assurait une quasi autonomie !    .

D’autre part, comme « citoyen » de Barret de Lioure, Pierre Olivier Bigonnet devait être en opposition avec les deux co-seigneurs de la commune (Les Ripert Artaud de Montauban depuis le 15ème  et surtout David de Sade, héritiers des du Puy Montbrun depuis 1635). Pas étonnant que cette opposition se soit manifestée durant les évènements révolutionnaires.

On précisera qu’il sera maire de Barret de Lioure durant une courte période (de 1811 à 1813), sa mort brutale survenant peu de temps après la réalisation du premier cadastre de la commune (terminé sur le terrain le 4 septembre 1813, alors que Pierre Olivier Bigonnet décède, sans doute brutalement, le 7 novembre).

Précisons qu’avant et après lui, le maire sera Sauveur Melchior Beauchamp, notaire de Barret.

On comprend mieux pourquoi la mémoire collective continue, aujourd’hui encore, à désigner « à Bigonnet », un hameau où la famille éponyme a joué un rôle important mais s’est éteinte il y a près de 200 ans !

Les deux photos ci-dessous, prises en février 2023, situent le hameau au soleil et sous la neige(7 février).

Gilbert Picron